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J'avais quatre ans, mon papa était parti...
3 février 2006

L'Absent

Que pouvais-je espérer de plus ?

Dans ma petite tête d'enfant, j'aurais pû souhaiter qu'aucun nuage noir ne vienne troubler cette atmosphère pleine de sérenité.

Mais y pensais-je, seulement ? Même pas !

Oh ! bien sûr, parfois, il m'arrivait d'entendre un enfant à peu près de mon âge, prononcer le mot : PAPA. C'était très rare, ou alors comme mon copain Pierrot, à qui cela arrivait souvent. Son papa, c'était le boucher de la Manigne : un gros rougeaud, pas gentil du tout. Mais lui, mon copain de jeux, il n'avait de grand-père ; en tous cas, pas chez lui, et certainement pas comme le mien. D'ailleurs, il n'en parlait jamais. Alors...

Dans mon quartier, ou même à la sortie de l'école, que j'ai fréquenté très tôt, je ne voyais jamais de papas ; des dames, beaucoup ; des messieurs, aussi ; âgés.

Mais qu'était-ce exactement, un papa ?

Comment se différenciait-il des autres messieurs ?

A quoi servait-il ?

Moi, à la maison, j'avais aussi un monsieur : mon grand-père, à qui j'essayais d'apporter tout mon amour, toute mon affection de gamin ; ces sentiments que très certainement, j'eu témoignés à un papa, s'il avait été là :avec ma mamn ; avec nous !

En me posant toutes ces questions, beaucoup de gens pourraient croire que j'ignorais l'essentiel ; que tous les mystères de la nature m'étaient totalement inconnus, non ?

Et pourtant... si !

Mais pour bien comprendre, et me faire pardonner mon ignorance, il faut se replacer dans le contexte de cette époque.

Les enfants de mon âge, même un peu plus âgés, n'avaient, certes pas, l'esprit aussi éveillé que ceux d'aujourd'hui.

Etait-ce un mal, était-ce un bien ?

Nous vivions dans notre petit monde, bien à nous, entourés, surveillés, et surtout protégés de toutes les mauvaises conduites adoptées, de toutes les turpitudes commises par les plus grands.

Nous n'avons aucune ouverture sur l'univers des adultes ; ils ne le souhaitaient d'ailleurs pas.

Nos préoccupations premières, mais surtout nos obligations, se limitaient à écouter, à apprenre, et à mettre en pratique les valeurs que nous inculquaient nos aînés : l'obéissance, la politesse, le respect, entre autres...

Même si, à nôtre âge, l'envie de savoir, de connaître aurait pû être toutefois un peu légitime, à des questions un peu trop directes, voire un peu trop indiscrètes, les réponses se faisaient rares ou même évasives. La curiosité était alors considérée comme un très, très vilain défaut.

Inutile d'insister ; nous n'avons plus qu'à retourner à nos jeux d'enfants, à nos joujoux, à retrouver copains et copines, lorsque l'autorisation nous était accordée, et de rester tout simplement à nôtre place.

Pourtant, un jour, je devais avoir à peine cinq ans, sans que j'aie à le demander, et estimant sans doute que j'étais assez grand pour comprendre, maman m'apprît que moi aussi, j'avais un papa.

J'avais beau essayer de me souvenir, je ne voyais pas du tout son visage ; rien, aucun évènement, ne me rappelait sa présence à mes côtés. Il m'était totalement inconnu.

Ne voulant pas me brusquer, ni s'étendre sur un sujet qui devait rester tabou, elle m'expliqua qu'une maman pour avoir un bébé, devait connaître un papa. Ce papa donnait une graine à la maman qui la semait, et que c'est comme çà que les petites filles naissent au milieu des roses, et les petits garçons, eux, poussent dans les choux. Et Oui ! Mon Dieu ! Madré Mia !

Mais qui va bien vouloir me croire ?

Je vais passer pour un "fada" ou pour un gros menteur. Et pourant, c'est la vérité, rien que la vérité ! Et Oui !!!

Bien décidée à tout me dévoiler, elle en profita pour satisfaire enfin ma curiosité : Mais ou était-il, ce Papa ? Avec beaucoup de précautions, elle me raconta que depuis plus d'un an, il était parti à la guerre, avait été fait prisonnier, et emmené dans un autre pays : l'Allemagne. Il se trouvait actuellment, près d'une grande ville, STUGGART, et était enfermé dans un "Stalag".

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