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J'avais quatre ans, mon papa était parti...
10 février 2006

L'espoir ?

Tous les soirs, à heure régulière, réunis autour du vieux poste T.S.F., nous attendons avec impatience, les nouvelles en provenance de Londres.

Maintenant que je suis devenu "grand",j'ai obtenu l'autorisation de participer à l'écoute ; assis sur les genoux de grand-père, je suis tout ouïe.

Depuis les studios de la B.B.C., entre deux chansons de Jean Lumière, dont "la petite église", nous écoutons l'émission : "les français parlent aux français".

Malgré le brouillage orchestré par l'ennemi, et que nous appelons communément "le moulin à café", la voix de Maurice Schumann, au timbre si particulier, redonne un peu d'espoir à chacun.

Nous savons que maintenant, de l'autre côté du "Channel", des français, libres, et sous l'autorité du Général de Gaulle, se dépensent sans compter pour venir à nôtre aide.

Nous y croyons. Tous !

Ainsi, tous les jours, nous sommes avertis des possibles bombardements qui pourraient nous concerner. Beaucoup, sont déjà effectués sur le territoire.

Tous les sites stratégiques, les usines travaillant pour l'ennemi, les dépôts de munitions, les infrastructures routières, ponts, viaducs, voies ferrées, principalement les gares de triage, sont particulièrement visées.

Beaucoup de messages sont adressés aux maquis. Répetés, à plusieurs reprises, codés, ils sont un lien essentiel avec le commandement de la France libre.

L'occupant, s'inquiéterait-il de nôtre bonne santé ?

La question, en effet peut se poser.

Dans tous les quartiers, rue par rue, maison par maison, un recensement est effectué.

Police et gendarmerie inspectent les caves de tous les immeubles. Les plus grandes, les plus profondes, les plus sûres sont, elles aussi, réquisitionnées. Vidées de leur contenu, elles sont aménagées en abris, dans les cas, très probables de bombardement.

abriDehors, à l'entrée, peint noir sur blanc, entouré de rouge, est indiqué le nombre de personnes pouvant loger dans cet abri.

A chaque famille est attribué celui où elle devra se rendre en cas d'alerte significative.

Alors que nous avions, nous la possibilité de rejoindre le plus proche, à savoir celui situé sous la boucherie de mon copain Pierrot, à moins de vingt mètres, on nous affecte celui de la Lainière L., chez Monsieur P., rue Haute-Vienne, situé à plus de cent mètres. Un souvenir de la seconde guerre mondiale à Limoges : cette inscription sur une porte rue du Temple désignant l'accès à un abri de protection contre les bombardements. Limoges n'a quasiment pas été touché par les bombardements exceptées la gare de triage du Puy Imbert et l'usine d'armements "Gnome Rhône" (aujourd'hui RVI).

C'est ainsi ! Nous n'avons pas le droit de contester cette décision, ou plutôt, ce choix farfelu. Dont acte !

Dans la journée, parallèlement à la propagande de Vichy, que nous n'écoutons d'ailleurs pas, les éternels refrains de Tino Rossi, Maurice Chevalier, Rina Ketty et au jeune Charles Trenet, continuent, malgré tout d'entretenir l'espoir.

A l'école, la tranquille assurance témoignée par certains, ou certaines, il n'y a pas si longtemps semble s'être transformée en légère inquiétude ; et c'est un doux euphémisme !

Bien souvent, à la place d'une récréation bien tranquille, on nous soumet à des exercices d'évacuation. Dans un ordre précis, en rang deux par deux, nous tenant par la main et dans un silence de cathédrale, qui, d'ailleurs se trouve juste à côté, nous rejoignons l'abri qui est réservé à l'école ; très exactement, rue St Affre.

C'est lugubre ; il y fait froid ; Brrr !

Le matin, après la leçon de morale, les maîtresses distribuent à chacun, un verre de lait, et une pastille, (ou cachet), rose, soi-disant plein de vitamines, et au goût de citron. Si son nom m'est totalement sorti de la mémoire, je garde sur la langue, son acidité.

C'était pas mauvais, quand même.

Paradoxalement, le fait de nous préparer à d'éventuels bombardements, au lieu de nous inquiéter nous rassure plutôt : c'est la preuve évidente que les alliés agissent de plus en plus. Ils pensent à nous.

Des gens commençent à fustiger, certes avec prudence, le Fritz, le Frisou, le Doryphore, le Vert de gris, le Boche, et..... les collabos !

Sans être pessimiste, (c'est pas mon genre), mais plutôt clairvoyant, grand-père est certain que les allemands vont bientôt arriver : "Ils subissent trop de pertes lors des attaques des maquisards ; il faut qu'ils contrôlent tout le territoire ; c'est obligé !".

Malheureusement, il ne se trompait pas.

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Commentaires
N
dans "notre" maison, il n'y a pas d'accent<br /> circonfflexe sur le "o".<br /> Dans "la nôtre" (sous-entendu maison), il y<br /> en a un.<br /> Bon courage pour la suite...
J'avais quatre ans, mon papa était parti...
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